dimanche 3 février 2013

L'obstruction parlementaire

Comme on le disait dans notre dernier billet, Marc Le Fur est très actif à l’Assemblée Nationale dans son combat contre le « mariage pour tous ». Il est actif également dans son blog.

Ce matin, il diffuse la vidéo de sa première intervention en séance sur le sujet. Il a diffusé le texte de chacune de ses interventions. Je vais également les diffuser ici (notre blog est moins lu que le site de l’Assemblée Nationale). Les parties en rouge sont mes remarques (j’aurais pu m’en abstenir mais j’ai beaucoup parlé de ce texte dans mon blog politique).

Pour ma part, je suis pour ce texte, mais peu importe. Il convient de constater combien d’énergie dépense notre Député pour participer à l’obstruction parlementaire faite sur ce texte.

Sauf erreur de comptage de ma part, M. Le Fur est signataire de 719 amendements.

Nicolas

La première

Ma conviction, c’est que le débat que nous ouvrons aujourd’hui n’est que factuellement un débat sur le mariage, qu’il soit pour tous ou non ; fondamentalement, c’est un débat sur la famille et sur l’enfant. Mes chers collègues de gauche, vous commettez un contresens entre mariage et sentiment.

[Pour sa première intervention, le Député va commencer par tenter de démontrer que le mariage n’a rien à voir avec les sentiments. D’emblée, ça me parait bizarre, comme stratégie, pour défendre sa notion de la famille.]

Le mariage n’est pas une validation des sentiments par la collectivité. L’État n’a ni à censurer ni à autoriser un quelconque sentiment. Les sentiments que les uns et les autres se portent ne regardent qu’eux-mêmes ; les amoureux n’ont pas besoin de certificat !

[Non, ils veulent seulement se marier et vivre en ensemble jusqu’à ce que la mort les sépare…]

Le mariage n’est pas davantage un contrat qui n’engagerait et ne concernerait que les signataires de ce contrat. Non, le mariage est bien une institution, et la meilleure preuve en est que les militants du mariage homosexuel veulent être mariés en mairie, dans un lieu qui n’est pas neutre, par un officier de l’état civil, représentant de l’État.

[Ben oui, ils veulent se marier, merci de le noter.]

Pourquoi la société a-t-elle créé cette institution ? Pour assurer sa propre pérennité et protéger un sujet fragile : l’enfant, le « petit d’homme », comme disait Kipling, qui a pour caractéristique d’être vulnérable pendant de très nombreuses années, ce qui le singularise dans le règne animal.

[Ayons un sentiment ému pour les éléphanteaux et les petites baleines oubliés de ce débat… Je plaisante…]

C’est lui qu’il faut protéger, et c’est la vocation de la société que de le faire.

[On est bien d’accord ! C’est d’ailleurs une des raisons du texte : protéger les enfants de ceux qui ne peuvent pas se marier]


Si toutes les civilisations – l’histoire et la géographie le confirment –, quelles que soient leurs bases culturelles, philosophiques ou religieuses, quelle que soit la sagesse ou la foi qui les inspire, ont voulu protéger l’enfant, c’est parce qu’elles considèrent que c’est un sujet essentiel. Or seuls un homme et une femme sont en mesure de procréer naturellement.

[On ne parle de procréer mais de protéger.]

Dans ce domaine, votre anticléricalisme, votre cathophobie est non seulement outrancière – notre rapporteur l’a démontré par l’accueil lamentable qu’il a réservé aux représentants des cultes  –, mais elle n’est pas non plus pertinente. L’Église catholique n’est en Occident que la gardienne d’une réalité anthropologique qui, dans d’autres pays, sera défendue au nom d’autres traditions, d’autres sagesses, d’autres cultures. La meilleure preuve, c’est qu’aucune des grandes traditions d’Orient comme d’Occident n’a accepté le mariage homosexuel.

[Pourquoi se baser sur la tradition ? L’excision est une tradition dans beaucoup de pays…]

Nous voterons résolument contre ce texte funeste !

La deuxième

Démonstration est faite : le vrai sujet, c’est la famille et l’enfant. Le fond du débat est de savoir si, dans ce texte, l’enfant est sujet de droit ou objet de droit. Si l’enfant est sujet de droit, c’est lui qui a droit à un père et à une mère. Seules les circonstances de la vie peuvent l’en priver, pas le législateur.

[Qui parle de priver un enfant d’un parent ? Il s’agit justement d’en « donner » deux à tous.]

Si l’enfant devient un objet de droit, alors toutes les dérives sont possibles. Sa conception peut faire l’objet de contrats – c’est exactement la situation avec la GPA –, ou d’un cahier des charges – c’est exactement ce qui se passe avec la PMA.

[Que viennent faire la GPA et la PMA dans ce dossier ? Pourquoi comparer la GPA et la PMA, cela n’a rien à voir ?]

Le Gouvernement reproche aux manifestants contre le mariage pour tous de s’opposer à un nouveau droit émancipateur. Il nous dit : « nous offrons un nouveau droit aux personnes homosexuelles ». Eh bien, ces manifestants revendiquent un droit : le droit, en particulier pour les enfants les plus fragiles – ceux qui sont confiés à l’adoption –, de disposer d’un père et d’une mère !

[Dans la première intervention, il disait que seule la procréation pouvait donner des enfants]

Vous l’avez compris, je défendrai au cours de ce débat l’enfant sujet de droit face à ceux qui veulent en faire un objet de droit, au risque d’en faire une chose, de le réifier, comme disent de manière savante mais compréhensible les philosophes. Pour ces raisons, nous défendons et nous défendrons tous ces amendements de suppression de l’article 1er.

[Ah ben j’ai appris un mot, « réifier »]

La troisième
Mes collègues ont déjà indiqué la position de certains ministres en faveur de la gestation pour autrui. Pour ma part, je voudrais que chacun mesure l’importance des propos qui ont été tenus hier par le rapporteur du Sénat, Jean-Pierre Michel, sur cette question : il se dit favorable à la GPA. Je pense que nous sommes en pleine hypocrisie. Jean-Pierre Michel a le mérite de la cohérence. Il va très loin, disant explicitement que s’il ne veut pas de la rémunération, il veut un dédommagement au bénéfice des femmes qui, en quelque sorte, louent leur corps. 

[La GPA n’est pas à l’étude. Le président de la République est contre comme une large majorité des députés de gauche qui ne supportent pas l’idée que l’on puisse exploiter le corps d’une femme.]

Je voudrais par ailleurs évoquer un mode de pensée qui a beaucoup marqué, à gauche peut-être plus qu’à droite : la psychanalyse. La psychanalyse a marqué des générations – les années 1970, 1980, 1990. Je voudrais que vous mesuriez ce que dit un psychanalyste, le docteur Winter :...

« D’un point de vue psychanalytique, j’avance que faire disparaître des signifiants pareils, c’est l’équivalent du meurtre symbolique du père et de la mère ».

[Allons bon ! Si je puis me permettre…]

Je voudrais également faire allusion aux propos du docteur Flavigny, repris dans une annexe de votre rapport, ou à ceux du docteur Pierre Lévy-Soussan : « Pour un soi-disant droit à l’égalité, on prive les enfants d’une créance que tous devraient avoir : ne pas être privé de père et de mère. Les enfants du monde ont droit à cette différence parentale. Tous les enfants naissent libres et égaux en droits ».

[Le droit d’avoir de parents, justement. Cela étant, je pourrais ironiser sur la « différence parentale », c’est bien ce que l’on propose]

[S’il faut faire appel à la psychanalyse, le débat va durer longtemps…]

La quatrième

[Sur le blog du député, il s’agit de la même que la troisième. Une erreur de « copié collé »]

La cinquième

Madame la garde des sceaux, permettez-moi également de vous souhaiter un bon anniversaire. Vous savez que nous avons, sur les bancs de la droite, une indulgence toute particulière à votre égard puisque nous avons contracté à votre égard une dette il y a de cela onze ans. Cela crée donc une sympathie toute particulière. Vous vous rappelez : en 2002.

[Serait-ce un coup bas relatif au fait qu’en se présentant à la Présidentielle, elle a privé Lionel Jospin d’un deuxième tour ?]

Il y a une objective différence entre la droite et la gauche, madame la garde des sceaux, monsieur le rapporteur. Elle porte sur deux points.

Premièrement, vous assimilez toute différence à une inégalité. Or, une différence, ce n’est pas une inégalité, c’est une chance, c’est une chance dans une rencontre. C’est ça, l’altérité ; c’est ça, la rencontre entre un homme et une femme. C’est pour ça que nous devons rester attentifs à la nécessité de conserver cette altérité, y compris dans le mariage.

[Pourquoi ?]

Deuxièmement, nous, nous respectons la nature. Elle n’est pas notre guide, elle est simplement notre univers. Nous devons la travailler, la transformer, mais, en même temps, la respecter. Or vous êtes dans une logique quasi prométhéenne : tout est possible à la volonté humaine, tout est possible à la science et au droit. Cela, précisément, peut occasionner des dérives considérables. Montaigne disait : « La nature est un doux guide. » Nous allons désormais obéir à la science et au droit, nous dites-vous. La nature évitait que l’homme n’obéisse à l’homme. Désormais, l’homme va obéir à l’homme sans que l’homme obéisse à quoi que ce soit. Dostoïevski le disait au dix-neuvième siècle. Bernanos l’avait parfaitement compris au temps des grands totalitarismes. C’est parce que nous respectons la nature que nous nous fixons des bornes, que nous fixons également des bornes à nos volontés et à nos lois.

[Quel rapport avec la nature ?]


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