jeudi 11 avril 2013

Rattachement de Nantes à la Bretagne, une belle idée obsolète ?

Le député Marc Le Fur est très impliqué dans la réunification de la Bretagne. Suite à l’échec du referendum dont il regrette le résultat en Alsace, il a déclaré que « En Bretagne, ajoute-t-il, le débat touche aux limites régionales qui sont insatisfaisantes pour beaucoup d'élus. Notre région est actuellement amputée de la Loire-Atlantique. Nous souhaitons que ce département, avec Nantes, soit rattaché à la Bretagne administrative, de manière à ce que la Bretagne historique soit reconstituée. »

Il va continuer à défendre cette idée. On en pense ce qu’on veut. D’un point de vue politique, le projet n’a aucune de chance de passer : les bretons voteraient comme les Alsaciens pour sanctionner les politiciens et le Gouvernement.

Monsieur Le Fur mène les combats qu’il veut.

Vous vous demandez pourquoi je m’intéresse à ça subitement ? Dans le cadre de mon blog politique, je m’intéresse beaucoup à trois sujets :
-         la crise du pouvoir actuelle, qui montre que notre République est ébranlée, poussant certains à vouloir une évolution de la Constitution,
-         la réforme territoriale souhaitée par le Gouvernement, que je soutiens pour différentes raisons,
-         l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, que je défends également pour des raisons diverses mais si j’y accorde une importance, c’est pour des raisons politiciennes.

L’aéroport de NDDL se place dans un projet stratégique pour créer une « métropole Européenne » avec Rennes et Nantes (voire Saint Nazaire), le tout parallèlement au très officiel pôle métropolitain Loire Bretagne qui regroupe les métropoles de Nantes, Angers, Rennes, Brest et Saint Nazaire et dont vous n'avez probablement jamais entendu parler.

Dans le cadre de la réforme territoriale, il se pourrait que la « communauté urbaine de Lyon » fusionne avec le département ou que le département « disparaisse ». En région Parisienne, des communautés de communes, plus précisément les Établissement public de coopération intercommunale, seront amenées à se renforcer. Une nouvelle entité va être créée : Paris Métropole, comprenant toute la région sauf les zones rurales. Ce n’est pas une lubie de la gauche, c’est le prolongement logique de différents rapprochements et évolutions progressives des relations entre les collectivités territoriales. Le Grand Paris créé par Nicolas Sarkozy rentre dans ce cadre.

Ces nouvelles entités sont nécessaires notamment pour le développement économique des territoires, qu’ils soient, très locaux (on le voit par exemple à la montée en importance de la CIDERAL) ou à l’échelle de plusieurs régions. Par exemple, le pôle métropolitain s’étale sur plusieurs régions. Quelles que soient les évolutions de la Bretagne administrative, Angers n’en fera jamais partie.

La création de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes entraînera la fermeture des vols commerciaux à Nantes Atlantique (et probablement à Rennes Saint Jacques mais, à ma connaissance, rien n’est annoncé). Ce sont, du coup, les villes ou départements au sud de Nantes, dont la Vendée qui vont être pénalisées, s’éloignant d’une bonne demi-heure de l’Aéroport, voire deux heures quand le Pont de Cheviré est bouché. « Nous » aurons besoin de mettre en œuvre une politique de solidarité avec eux qui pourrait – par exemple – se traduire par la création d’un nouveau pont pour traverser la Loire à Nantes ou d’une meilleure desserte en train.

Notre-Dame-des-Landes concerne bien tous les acteurs économiques qui se trouvent à 1h30 de l’Aéroport. Un patron d’une PME à Loudéac pourra faire l’aller-retour en une journée avec la plupart des capitales Européennes.

Mon propos n’est pas de défendre la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou la réforme territoriale (je le fais dans mon blog politique), je n’oublie pas les problèmes environnementaux qui sont posés par NDDL et les réticences à la réforme territoriale.

Néanmoins, il est évident que le développement des territoires se fera par des accords entre municipalités puis entre EPCI (communauté de communes) avec des articulations différentes selon la taille des villes. Lille, Paris, Lyon et Marseille, dans des formes différentes, ne peuvent se développer sans leur entourage. De même, c’est bien en se battant ensemble que Loudéac et Pontivy ont réussi à avoir un hôpital à Kério, ce qui fait que les habitants du secteur autour de ces deux pôles peuvent soigner leur cirrhose à moins de 25 minutes de chez eux.

La structure administrative de la France ne correspond plus aux exigences du développement de ses territoires. Loudéac et Pontivy sont condamnés à travailler de pair alors qu’ils ne sont pas dans le même département et en tenant compte du fait que les deux villes sont eux-mêmes au centre de territoire, marqués essentiellement par leurs EPCI réciproques, la CIDERAL pour ce qui nous concerne.

Ainsi, les Régions et les Départements ne sont plus qu’à considérer comme des structures administratives. Les grosses métropoles, Marseille, Lyon et peut-être Lille (mais ultérieurement), en tant qu’EPCI, auront des attributions des départements et des régions.

Les Régions et Départements restent important pour la représentation de l’Etat mais aussi pour ce que la loi a prévu de leur confier comme responsabilités à l’issue des phases de décentralisation (l’acte III devrait arriver dans l’année avec le transfert vers les régions de la responsabilité de l’action économique).

Observer les scrutins électoraux montre que les taux d’abstention sont très forts pour les élections européennes, les régionales et les cantonales sont très forts. Les gens ne se déplacent plus que pour la présidentielle, les législatives et les municipales. Ils font confiance à des hommes (le Français cherche l’homme fort surtout dans notre période agitée par une crise économique et une crise institutionnelle). Les évolutions du monde font que les gens font confiance en un Président de la République pour gérer ses affaires avec l’Europe et à leur Maire pour leurs affaires locales, leurs alliances avec les voisins, …

Les législatives ont un taux d’abstention faible parce qu’elles suivent la présidentielle. Lors des scrutins partiels, le taux est énorme. Nous avons dans la démocratie Française deux échelons vus comme importants qui se traduisent par l’importance de leurs représentants : le président de la République et le Maire.

Revenons à nos moutons…

Nous parlons donc de la région Bretagne mais aussi de la région Pays de Loire puisque le rattachement de Nantes à la Bretagne créerait une division des Pays de Loire. Les régions ont en charge : la gestion des lycées, l'enseignement supérieur et la recherche, la formation professionnelle et l'apprentissage, le développement économique, l'aménagement du territoire et les infrastructures. Concrètement, la Bretagne consacre 36% de son budget à l’éducation et 32% aux transports (financement du TER, de la mise à deux fois deux voies de la N164 et la création de pôles d'échanges multimodaux qui permettront de faciliter les échanges entre les différents modes de transports en commun).

J’habite en région Parisienne. La campagne pour les régionales de 2010 a porté uniquement sur les problématiques de transports. C’était ubuesque, d’autant que le projet du Grand Paris commençait à se dessiner et que le STIF (qui gère les transports en commune) avait été transféré « à la région » depuis peu. Selon les plans de l’époque les transports en commun n’auraient été réellement à la charge de la région que pendant quelques années, d’autant que la RATP et la SNCF, les principaux opérateurs, appartiennent à l’Etat.

Changer la structure administrative de la Bretagne, au vue de ces missions, n’aurait aucun intérêt.

Regardons maintenant une carte de la Bretagne administrative. Nous avons une métropole à chaque bout. Ajouter un département avec une autre grosse métropole ferait nécessairement perdre du poids aux deux autres. On peut poursuivre l’étude dans le détail. Les Côtes d’Armor ont une agglomération importante (les deux autres agglomérations importantes, comme Loudéac, d’ailleurs, sont plus proches d’un autre département que de leur chef lieu). Le Morbihan a deux villes importantes de « poids » relativement proche.

Les projets de développement économique ne se feront plus en fonction du découpage administratif de la France mais de nouvelles structures, orientée autour de pôles, des villes, des métropoles, des EPIC, …

Le combat de Marc Le Fur me parait totalement rétrograde.

Ce n’est en aucun cas une priorité. Il devrait, par exemple, se battre pour Notre-Dame-des-Landes parce que la capacité de développement industriel de nos territoires de Centre Bretagne passe par la proximité des dirigeants d’entreprise avec leurs partenaires commerciaux.

Vous voulez vendre des saucissons à Prague, vous prenez votre voiture à 6 heures à Loudéac, un avion à 8h30 à NDDL, vous arrivez à 10 heures à Pragues. Vous prenez un avion à 17 heures et vous êtes à la maison à 20h30.

Marc Le Fur montre qu’il se bat pour la Bretagne. Ce n’est pas sa mission, le rôle d’un député est strictement national.

Il se bat pour la Bretagne pour des motifs relativement peu intéressants. Ne perd-il pas de l’énergie alors qu’il pourrait mener des combats plus justes pour son arrondissement ou son pays ?

Ce qui ne m’empêche pas d’être aussi attaché que lui à la Bretagne et à son histoire ! Mais l’histoire de cette Bretagne s’est arrêtée vers (en ?) 1790 quand nous avons intégré « la République Française ». Sinon, au nom de l’histoire, on pourrait décider de revenir à la Bretagne du VIIIème siècle.

Nous avons intégré la République Française. Marc Le Fur est élu de la République Française.

Nicolas

9 commentaires:

  1. Pas lu : c'est trop long et je m'en branle, de ces cons de Bretons (smiley…). Mais il me semble qu'avant on pourrait commencer par réunifier la Normandie, stupidement coupée en deux.

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  2. On ne perlettra la reunification des normands que quand ils rendront le Mont Saint Michel ! Y en a marre du Couesnon qui, en sa folie, mit le Mont en Normandie !

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  3. N'est-il pas plus important de mettre en œuvre une disparition des régions, qui ne sont pertinentes que pour Bruxelles ? Nous parlons là de régions économiques, de régions à pèze, à fric, à oseille, et non de régions de cœur. Même chose pour ces pôles d'agglomérations, "communautés" ou "métropoles", qui pratiquent à plaisir le gigantisme au détriment de la démocratie.

    Les humains, c'est tout de même plus important que le Capital, non ?

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    1. C'est quoi une région de coeur ? Tu parles de défendre des régions administratives dans une République que tu voudrais changer.

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    2. Je dis que les régions administratives sont inutiles. C'est tout. Voire nuisibles.

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    3. Mes excuses. Ce n'est pas ce que j'avais compris de ton message. Nous sommes donc encore une fois parfaitement d'accord.

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  4. M'fait rire, ce nom de furoscope. Ma fille est la comptable (côté investissements) du Futuroscope.

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